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Monétique au Maroc : cap sur l’ouverture et l’innovation, le CMI devient processeur neutre

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Le secteur marocain des paiements électroniques aborde une nouvelle étape avec l’ouverture effective du marché de l’acquisition aux établissements de paiement et aux filiales dédiées des banques. Encadrée par les autorités monétaires et de concurrence, cette évolution met fin à une situation de quasi-monopole et installe un modèle plus concurrentiel destiné à accélérer la diffusion des paiements par carte et par mobile sur l’ensemble du territoire.

Au cœur de cette transition, le Centre Monétique Interbancaire (CMI) se repositionne comme plateforme technique de traitement opérant de manière neutre, interopérable et inclusive, au service des émetteurs et des nouveaux acquéreurs. L’organisme garantit la continuité de service pour les commerçants déjà équipés tout en ouvrant l’accès de son infrastructure à l’ensemble des opérateurs autorisés. Cette bascule marque un tournant structurel : d’un côté, de nouveaux acteurs apparaissent et enrichissent l’offre d’acceptation en magasin, en ligne ou sur mobile ; de l’autre, le CMI concentre ses moyens sur la performance, la sécurité et l’innovation en back-office.

La réforme s’inscrit dans une séquence d’ajustements engagés ces derniers mois pour réduire les coûts d’acceptation et stimuler l’équipement. La révision du taux d’interchange au bénéfice des commerçants s’est accompagnée d’un suivi renforcé du déploiement, afin d’assurer que la concurrence se traduise rapidement par une extension de la couverture territoriale et une amélioration de la qualité de service. En parallèle, l’infrastructure nationale de commutation a été consolidée : Switch Al Maghrib se présente désormais comme la colonne vertébrale de l’interopérabilité des paiements par carte et par mobile, dans une logique de résilience opérationnelle et de souveraineté technologique.

Une étape « structurante »

Lors d’une rencontre consacrée à cette transformation, le président du CMI, Hassan El Bedraoui, a qualifié l’étape de structurante pour l’écosystème. Il a insisté sur la nécessité d’allier performance, sécurité et innovation, avec un effort particulier pour préserver la continuité de service et la confiance des partenaires au moment de la transition. Le directeur général, Rachid Saïhi, a décliné ces priorités autour d’une culture de disponibilité continue — l’“always on” — et d’une exigence d’excellence opérationnelle, tout en rappelant qu’une gouvernance rigoureuse est indispensable pour introduire de nouveaux services sans fragiliser l’existant. Le CMI met en avant une empreinte nationale couvrant quinze villes, des investissements réguliers pour moderniser ses systèmes et un rôle central dans la collecte dématérialisée des paiements de factures via Fatorati, qui participe à la digitalisation des encaissements publics et privés.

Le récit institutionnel diffusé à cette occasion a rappelé l’évolution d’un écosystème né dans les années 1970, structuré par l’interopérabilité, la généralisation des terminaux de paiement, l’essor du paiement en ligne, puis l’adoption du sans contact, l’acceptation des portefeuilles électroniques et la montée du “Tap-to-Mobile”, qui transforme chaque smartphone en terminal. Ces usages, initialement tirés par les visiteurs internationaux, se diffusent désormais largement auprès des porteurs marocains, à mesure que l’acceptation progresse et que l’expérience d’encaissement devient plus fluide.

Depuis le printemps, plusieurs acquéreurs ont été autorisés et ont commencé à commercialiser leurs offres de terminaux, de solutions e-commerce et d’acceptation mobile. L’objectif est d’améliorer le maillage territorial, de proposer des formules tarifaires mieux adaptées à la taille et au profil des commerçants, et d’accélérer la migration du cash vers les paiements électroniques. Les données de marché présentées par les intervenants soulignent encore le poids des retraits d’espèces au regard du paiement par carte à l’achat, ce qui indique un potentiel de progression significatif. Les efforts porteront donc sur la pédagogie auprès des commerçants, l’accompagnement à l’activation des nouveaux moyens d’acceptation et la fiabilité des réseaux pour renforcer l’usage au quotidien.

Du côté de l’infrastructure, Switch Al Maghrib assure le routage des autorisations, la compensation entre émetteurs et acquéreurs et l’interopérabilité entre cartes, wallets et QR codes. Sa montée en puissance accompagne la diversification des parcours d’encaissement, qu’il s’agisse de points de vente physiques, de plateformes en ligne ou de solutions de mobilité. Les réseaux internationaux, qui travaillent depuis longtemps avec le CMI et les acteurs locaux, mettent l’accent sur la poursuite des homologations, la gestion des risques et de la fraude, la conformité fonctionnelle et réglementaire, ainsi que sur l’accompagnement des commerçants pour garantir une adoption durable. Les partenaires ont aussi rappelé le rôle des campagnes de sensibilisation et de formation, qui ont permis, au fil des années, d’accroître le parc de cartes actives et d’installer des réflexes de paiement électronique dans les usages quotidiens.

Cette transformation s’insère pleinement dans la stratégie Digital Morocco 2030, qui érige les paiements électroniques et la confiance numérique en leviers de modernisation de l’économie. L’ouverture à la concurrence, la baisse des coûts d’acceptation et l’extension de la couverture géographique doivent contribuer à l’inclusion financière, à la productivité des entreprises et à l’amélioration des services aux citoyens. Les intervenants ont souligné que la digitalisation des administrations, la modernisation de la distribution et l’essor des fintechs ont constitué des accélérateurs majeurs de cette dynamique, et qu’ils resteront des relais décisifs pour l’adoption à grande échelle.

Dans les mois à venir, l’enjeu sera d’orchestrer l’onboarding des nouveaux acquéreurs et l’équipement de nouvelles catégories de commerçants, y compris dans les localités éloignées où le déploiement logistique demeure plus coûteux. Les acteurs du marché entendent industrialiser les innovations — QR, tokenisation, paiement sur smartphone — tout en maintenant des niveaux élevés de disponibilité et de sécurité. Ils prévoient aussi de renforcer l’accompagnement des commerçants et la pédagogie grand public, afin d’augmenter la fréquence d’usage des moyens de paiement électroniques. Enfin, la résilience opérationnelle fera l’objet d’investissements soutenus, à mesure que les volumes de transactions progressent et que les paiements numériques deviennent un service critique pour l’économie.

SB

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